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Théâtre et lâcher-prise ou les doutes des débutants

arletyna Par Le 21/10/2013

Voici de façon anonyme, un échange entre un(e) nouvel(le) adhérent(e) sur les difficultés de "jouer" et les "attentes" par rapport à un cours de théâtre.

Je pense que ces questionnements sont communs à tous ceux qui débutent, c'est pourquoi, je me permets de transcrire ici cet échange.

QUESTION DE X

Je voulais également te faire part de mes inquiétudes par rapport au théâtre. Je ne pensais pas que cela serait aussi difficile pour moi. J'ai de grandes difficultés à lâcher prise et à m' exprimer aussi bien par la parole qu'à travers le corps, mon émotivité prend le dessus. J'ai réellement envie de persévérer, ma crainte aujourd'hui est de limiter le groupe. As-tu eu des expériences auprès de personnes bloquées comme moi, ont-elles réussi à s'ouvrir?

MA REPONSE 

Je vais essayer de répondre simplement à tes interrogations et tes inquiétudes, en les reprenant une à une :

 1)     Lâcher-prise, émotivité et le chemin est long

Tu viens à l’atelier depuis 4 semaines, donc 4 séances de 3h, donc au total 12h de pratique et tu voudrais déjà avoir changé du tout au tout. Oui, le chemin est parfois long pour trouver sa liberté dans l’expression théâtrale, sans se laisser gagner par ses émotions. Lâcher-prise, c’est s’oublier – soi – pour se mettre au service d’un autre, le personnage. C’est ce que les enfants font si naturellement quand ils jouent au prince et à la princesse, aux cow-boy et aux indiens, et que nous avons perdu en tant qu’adultes par une trop grande conscience de nous-même et surtout par les jugements de valeur que nous portons sur les autres et nous-même. En atelier, il n’y a pas de jugement de valeur : il y a le « jeu ». Tu joues ou tu ne joues pas, c’est tout.

Pour te donner une idée du chemin parcouru grâce au théâtre, à 20 ans, quand je suis arrivée à Paris, j’étais si timide et si peu confiante en moi, que je n’osais pas rentrer seule dans un bistrot. Ma 1ère année de cours professionnel (où j’allais tous les soirs de 19h à 23h, et parfois en journée aussi) fut éprouvante. Je me demandais ce que je faisais là en voyant les élèves plus expérimentés et puis un jour, il y a eu un déclic ! J’ai compris un petit bout de ce que je travaillais laborieusement depuis des mois et encore aujourd’hui, quand je suis des stages pour continuer à apprendre, il m’arrive de retrouver mon émotivité, de me sentir gauche, nulle, de ne rien savoir faire.

Dans un autre cours amateur que j’ai co-animé, j’ai connu une fille qui pendant un an n’a pas décroché un mot, n’est quasiment pas monté sur scène. Elle parlait avec une voix à peine audible, les yeux baissés avec un souffle de voix. Cela fait maintenant 3 ans qu’elle fait du théâtre amateur et maintenant, regarde la photo que je t’envoie ! Elle fait partie des 4 filles et c’est une vraie métamorphose.

les-filles-de-la-mjc-colombes.jpg

Que dire de plus ! Le théâtre nous change à force de répétitions, car en répétant, nous nous familiarisons avec nous-même et avec les autres. Les exercices que je vous fais faire sont difficiles, mais ils ont pour objectif de vous donner cette liberté, pour peu que vous acceptiez de les faire. Tant pis, si ils sont ratés une fois, deux fois, dix fois…..la onzième sera la bonne !

 2)     Tu as peur de ralentir le groupe

Mais ce groupe est composé essentiellement de débutants qui ont tous les mêmes craintes que toi. 

 Après, l’atelier que je vous propose a ses limites…..et le théâtre aussi ! C’est un atelier de « loisirs », pour prendre du plaisir à jouer. Même si je vous fais profiter de mon expérience en vous proposant une approche quasi-professionnelle, du moins dans la méthode, je ne peux pas résoudre les difficultés pathologiques. 

 Mais crois-moi, toutes les personnes qui viennent à l’atelier cette année sont en mesure de progresser et te concernant, je suis certaine que ton émotivité reculera au fur et à mesure du temps. Il faut juste accepter de « faire » les choses, même celles qui te paraissent insurmontables (comme le rire par exemple), car  tu es un juge bien trop sévère avec toi-même.

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