J'ai trouvé ce texte par hasard sur un réseau social et je le trouve tellement pertinent.
Même si Daniel Pennac parle de l'enseignement scolaire, je pense que son approche de l'enseignement concerne toutes les formes d'enseignement, de transmission et la peur de l'échec scolaire est si proche de la peur du comédien de ne pas être à la hauteur !
DANIEL PENNAC : "CE QUE JE DIRAIS AUX PROFESSEURS"
Que diriez-vous, aujourd'hui, à quelqu'un qui veut devenir professeur?
Je lui dirais que les enfants et les adolescents ont avant tout besoin d’adultes sérieux et bienveillants, pas de jeunots démagogues ou de jeunes cuistres dédaigneux. Des adultes qui savent encore ce qu’être adolescent veut dire, des adultes patients, attentifs, méthodiques, honnêtes et fermes dans leur enseignement. Je lui dirais de s’attaquer d’entrée de jeu à la peur de certains élèves?: peur de ne pas comprendre, peur de ne pas répondre juste, peur d’avoir une mauvaise note, peur de passer pour un crétin… Voilà l’ennemi principal! La peur de l’élève gangrène tout. Elle engendre la honte, qui produit le retrait sur soi ou la violence sur l’autre – sur le bon élève ou sur le professeur, par exemple. Elle devient très vite la peur du professeur lui-même (les collègues vont voir que je ne réussis pas, je ne serai jamais un bon prof), la peur des parents (qu’est-ce que notre enfant va devenir?). La peur est chez tous un facteur pernicieux de perte du réel. Je lui dirais de dédramatiser l’ignorance pour ouvrir grandes les portes à la connaissance. Je lui dirais d’instaurer en classe des rituels et de ne pas en changer. Les rituels apaisent les élèves, la régularité les rassure. Je lui dirais d’être réglo, d’une honnêteté pédagogique irréprochable, un adulte exemplaire, en somme, ça changera ses élèves des images d’adultes corrompus qui encombrent l’actualité. Je lui dirais de faire en sorte que, dans ses classes, chaque élève se sente partie prenante d’une collectivité, ou plutôt, d’une "harmonie", au sens musical du terme.
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